Histoire

L’abbaye
de Saint Amant de Boixe

  • Localisation

La commune de Saint-Amant-de-Boixe se situe dans le département de la Charente, à une vingtaine de kilomètres au nord d’Angoulême. Elle est contiguë à l’ouest à la vallée de la Charente, au nord à la forêt de la Boixe et à l’est à la Route Nationale n°10 (Paris-Bordeaux).
L’abbaye se situe au sud du bourg principal de Saint-Amant-de-Boixe. L’ensemble abbatial se compose de l’église, d’une grande partie des bâtiments claustraux et de quelques dépendances.

  • Résumé historique

  • À l’origine un ermite…

Amantius est né au VIe siècle à Bordeaux d’une riche et noble famille. Après le décès de ses parents, il partit pour l’Espagne. Une tempête le fit échouer à l’embouchure de la Charente. Il séjourna quelques temps dans les environs de Saintes. Attiré par la renommée de saint Cybard, il partit à sa rencontre à Angoulême. Après quelques années, il se rendit dans la forêt de la Boixe pour y vivre en ermite. Arrivé dans la forêt, il y trouva un autel dédié à saint Pierre, seul vestige d’une ancienne basilique détruite par les Barbares. Une fois installé, il chassa le génie du lieu, érigea une colonne pour devenir stylite et accomplit de nombreux miracles. Sa vie austère prit fin vers 600. C’est sur son tombeau qu’une première communauté monastique s’organisa.

  • Une fondation comtale

En 988, le comte Arnaud Manzer restitue l’établissement monastique à l’évêque d’Angoulême, que ses ancêtres avaient confisqué. Cet édifice existait déjà en 888 et était déjà « reconstruit et bien organisé ». Vers 1025, son fils Guillaume II Taillefer transfert son castrum d’Andone à Montignac. Dans le même temps, sur les conseils de sa femme et de ses fils, il fait déplacer l’abbaye à son emplacement actuel, le long d’une voie romaine et à proximité du nouveau château comtal.

Dès cette époque, les dons vont affluer. À partir du début du XIIe siècle, l’église est reconstruite en commençant par l’est. En 1125, le nouveau sanctuaire monastique est achevé et les reliques de saint Amant sont transférées dans le nouveau complexe. Mais il faut attendre 1170 pour que la nef (faisant office d’église paroissiale) soit entièrement reconstruite. Le 15 novembre 1170, l’église est dédicacée par l’archevêque de Bordeaux en présence de nombreux évêques, abbés, clercs, comtes, seigneurs, laïcs. Les bâtiments abbatiaux encore visibles de nos jours datent de cette époque. La communauté monastique est à cette époque très prospère : on estime la population monacale à environ une quarantaine de moines. L’abbaye possède en ses murs une école, une aumônerie et tous les équipements nécessaires à la vie des moines. Au XIIIe siècle, l’abbaye détient treize prieurés, dix-huit églises et plus de trois cents terres et exploitations, le tout réparti sur quatre diocèses (Angoulême, Poitiers, Saintes et Périgueux).

  • Un lent déclin…

Malheureusement, l’abbaye subit au cours de ce même siècle, un terrible incendie qui ravage le cloître, l’aile orientale des bâtiments abbatiaux, et toute la partie sud-est de l’église. D’importants travaux sont entrepris pour restaurer l’édifice dans le nouveau style gothique au début du XIVe siècle. Les travaux débutent par le choeur à l’est. Une des absidioles sud est supprimée, tandis que la grande absidiole est transformée en chapelle. Les travaux sont laborieux car les revenus ont du mal à rentrer (du fait de la guerre de Cent Ans). Le choeur n’est finalement achevé qu’au XVe siècle et raccordé tant bien que mal au reste de l’église. À cette époque là, la communauté monastique ne se compose plus que d’environ dix moines.

À partir du XVIe siècle, l’abbaye passe sous le régime de la commende. Les revenus sont en grande partie réservés aux abbés désormais nommés par le roi. Le nombre de moines continue de chuter lentement mais sûrement : ils ne sont plus que trois en 1742 puis deux en 1774. Pendant tout ce temps, l’abbaye ne cesse de se dégrader. Elle est pillée lors des guerres de Religion puis, du fait du manque de revenus, les bâtiments ne sont plus entretenus. Face à cet état, en 1774, l’évêque d’Angoulême décide de supprimer l’abbaye et d’affecter ses revenus au Séminaire de la ville. Cette décision ne prend effet qu’après le décès du dernier moine… qui n’interviendra qu’après la Révolution Française. En 1791, l’abbaye est vendue comme bien national et ses biens dispersés. Elle est partagée entre cinq propriétaires.

  • La renaissance

Il faudra attendre 1897 pour que l’église abbatiale soit restaurée (bien qu’elle ait été classée Monument Historique dès 1840). Quant aux bâtiments abbatiaux (classés en 1935), ils ne sont pas entretenus et le cloître est transformé en cour de ferme où se côtoient poulaillers, parc à cochons, étables et atelier de maréchal ferrant. La commune ne s’en portera acquéreurqu’à partir de 1970. Depuis 1995, elle engage une série de travaux de restauration de grande ampleur. En 2008, les locaux, désormais sauvegradés, accueille l’Espace d’architecture romane.

A. Vignet. Abbaye de Saint-Amant-de-Boixe – Espace d’architecture romane.

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