Moines

Abbés et offices claustraux

L’abbé

Mot dérivé de l’araméen abba signifiant Père. Responsable de la communauté, père de ses moines : enseigne, établit et commande. Pouvoir monarchique par délégation divine. Rôle temporel et spirituel. Symboliquement tient la place du Christ parmi ses disciples. Veille sur la formation spirituelle de ses moines, commente la collatio (lecture avant complies). Elu par et au sein du chapitre (par système de grands lecteurs). Nommé dans ses fonctions par le prieur. Si il existe un grave dysfonctionnement, l’évêque diocésain peut intervenir dans l’élection.

De 1197 à 1325, à la suite d’une polémique, l’abbé de St Amant, une fois élu, il doit chercher sa crosse abbatiale à l’abbaye St Géraud d’Aurillac. L’abbé est assisté à St Amant d’un prieur, d’un cellérier, d’un sacriste et d’un maître d’école. L’abbé nomme aux différents offices claustraux pour le soulager, mais tout en respectant la coutume. Ce n’est qu’à partir du XIIIe siècle et, de manière certaine, au XVe siècle, que la mense abbatiale est distincte de la mense conventuelle.
Chapitres RB 2, 63, 64

La famille monastique

  • Le moine lettré ou profès

Moine au sens commun du terme, remplit les différentes charges de la communauté et assure la célébration de l’office divin. La plupart d’entre eux sont des innutriti (nourris) c’est-à-dire qu’ils sont arrivés enfants au monastère, en oblation par leur famille. A l’âge de raison, ils doivent faire leur conversus (profession) : de pueri (enfants), ils deviennent des juvenes (à 15 ans) où ils reçoivent bénédiction et tonsure. Peut ensuite recevoir les ordres cléricaux : mineurs (portier, lecteur, exorciste, acolyte) puis majeurs (sous-diaconat, diaconat, sacerdoce).

  • Les moines convers

Moines illettrés entrés au monastère à l’âge adulte, ne recevant pas les ordres cléricaux. Sont moines à part entière, savent parfois même lire et écrire.

  • Les famillliers (famuli)

Bien que n’étant pas membre de la communauté, font partie intégrante de la famille monastique. Hommes ou femme, serviteurs laïcs, ils peuvent habiter en ville ou dans les bâtiments mêmes de l’abbaye. Peuvent poser des problèmes de cohabitation avec le monde fermé du couvent.

Les offices claustraux de St Amant

Nommés par l’abbé pour une durée variable. Définition des rôles pas toujours très précise, le nombre d’offices variable dans le temps et selon les monastères. Parfois une personne peut cumuler plusieurs offices. Droits et devoirs précisés à partir du XIIIe siècle quand ces offices deviendront de véritables bénéfices.

  • Le prieur

Deuxième personnage après l’abbé, nommé parfois doyen. Peuvent être seul ou deux. Peut remplacer abbé et prendre décision à sa place.
Chapitre 65

  • Le cellérier

Gère les biens de l’abbaye (meubles, matériaux, outils et nourriture), surtout la nourriture lorsque l’office de camérier existe. Parfois lui est adjoint, un sous-cellerier, un grainetier, un cuisinier, un pitancier, un jardinier, un réfectorier, un boulanger, et même un garde du vin. A St Amant, il est responsable du temporel de l’abbaye, il peut gérer les dons (apparaît souvent dans le cartulaire, juste après l’abbé). Souvent cellérier devient abbé.
Chapitre RB 31

  • Le sacristain

Veille sur l’état du choeur et du clocher (couverture, murs, etc.), règle l’horloge, sonne les heures de la prières, ouvre les portes de l’église, assure la propreté des linges liturgiques, entretien les lampes, fournit cierges et chandelles, possède une clés des reliquaires, s’occupe des missels et des burettes, entretient et veille sur les capes, vêtements et ornements, chasubles, draps, garde l’armoire au trésor (calice, ciboire, reliques, ornements, vases, etc.), fait les hosties (froment pur, sécher sur drap blanc au soleil, moulut par ses soins dans meules lavées, en veillant aux postillons, etc.).
Chapitre RB 47

  • Le maître d’école (à St Amant)

Présent au XIIe siècle. Trois noms d’enfants nous sont connus vers 1125 : Audoin, Pierre Guillaume et Guillaume de Tourriers. Peut-être équivalent de maître des novices.
Chapitre RB 30

Les autres offices claustraux

  • Le chantre

Organise et surveille le déroulement de l’office et des cérémonies. Connaît tous les chants de la liturgie, s’occupe de la bibliothèque (entretien, reliure, prêt des ouvrages) et du scriptorium quand il existe, ou encore du martyrologue. Archiviste et secrétaire quand cet office n’existe pas.
Chapitres RB 43, 45

  • Le camérier

Administrateur des fonds de l’abbaye : pourvoit aux dépenses des vêtements, luminaires, fêtes, etc. Son rôle déborde sur celui du cellérier mais en général ne s’occupe pas de la nourriture. S’occupe d’argent, revenus, archives, secrétaire. A Saint amant, cet office succède à celui de cellérier.

  • L’hôtelier

En charge de l’accueil des étrangers : hôtes de prestige, pèlerins, routiers, pauvres, prieurs. Mention à St Amant, d’une maison des pauvres au XIIe siècle, ainsi qu’une « oeuvre hospitalière ».
Chapitre 53

  • Le portier

Moine expérimenté et âgé. Peut gérer les aumônes. Parfois confié à un laïc.
Chapitre 66

  • L’aumônier (lié souvent à l’hôtelier)

Chargé de remplir et d’organiser les missions de charité. Gère les pauvres prébendés c’est-à-dire pris en charge par l’abbaye.
A St Amant, distribution des aumônes à la St Fabien ou St Sébastien (20 janvier) et le Jeudi-Saint.

  • L’infirmier

Chargé du soins aux malades, infirmes et moines malades ou trop âgés, moines ayant reçu la saignée (=minuti). Souvent, il est aussi herboriste et pharmacien, médecin parfois même. A St Amant, pas de mention d’infirmier, mais on mentionne au XVIe la présence d’une infirmerie et de sa chapelle (dans l’actuel parc).
Chapitre RB 36

  • Le maître des novices

Moine âgé chargé de la formation des novices, enseigne la lecture, l’écriture, le chant.
Chapitres 58, 59

  • Le circateur

Sorte d’inquisiteur spirituel, il veille à ce qu’aucune sottise ou faiblesse n’existe dans le monastère (assoupissement lors des cérémonies nocturnes, par ex.).

  • Le réfectorier

Chargé de l’organisation des repas : aménage le réfectoire (lampes, jonchées, couverts). Préparer aussi les boissons, mais pas les plats (semainier ou servants). Chargé du lavatorium et des essuie-mains. Chargé d’appliquer les sentences pour ceux qui sont au pain sec et à l’eau. En lien avec l’hôtelier, chargé de lui fournir les aliments nécessaires. Seul lui échappe le couteau, propre à chaque moine.

  • Le cuisinier

En charge de l’aménagement, de l’entretien et de la cuisine. Peut être une personne non moine. Chargé de veiller sur les servants pour qu’il y ait peu de bruit. Quand les moines font la cuisine, c’est à tour de rôle chaque semaine.
Il existe une multitude d’offices ou de sous office, tout moine possède une fonction propre (ou quasiment). Les charges les plus importantes sont celles soulignées.

A. Vignet, Abbaye de Saint-Amant-de-Boixe – Espace d’architecture romane