Se préparer à accueillir un élève ukrainien en classe

mise à jour le 9/01/2023

S’intéresser à la langue maternelle de l’élève allophone

En Ukraine, les langues officielles parlées sont l’ukrainien (60%) et le russe (30%). D’autres langues sont utilisées (hongrois, roumain…) La comparaison de faits de langue peut être intéressante à la fois pour les élèves et pour les enseignants.
Aiguiser son regard sur la langue et la culture d’origine de l’élève permet de fixer les principaux objectifs d’apprentissage (article, place des mots…), permet, le cas échéant, de mieux comprendre les erreurs des EANA et également d’identifier les besoins de l’élève !

Quelques conseils que vous pouvez retrouver sur le magistere dédié

  • Les enfants doivent être accueillis, comme tous les enfants, avec bienveillance et attention. Ils ont besoin de routines et d’un cadre sécurisant (hébergement, école, …). Ces temps d’apprentissages, séparés des temps familiaux, permettent à l’enfant de s’appuyer sur des choses solides.
  • L’empathie, c’est très bien mais attention aux mouvements que l’on peut avoir : une trop grande sympathie, une trop grande proximité, le danger de se prendre pour le parent, le psy de l’enfant, vouloir tout lui apporter, tout réparer, …. Attention également aux réactions de fascinations qui peuvent aller jusqu’à des réactions de curiosité. Tout cela n’est pas possible.
  • Il est important que les enfants aient un cadre, des limites. Il y a des moments où certains enfants peuvent avoir des crises émotionnelles, se mettent à parler. Ce sont souvent des viviscences qu’il faut savoir repérer, accompagner et contenir.
  • Ces enfants peuvent avoir des troubles d’apprentissages. Ils vont à la fois retrouver un univers sécurisant, mais on va aussi attendre quelque chose d’eux. L’école peut être un “soin” pour la plupart de ces enfants, ou pour certains, démasquer des difficultés qui peuvent se révéler. Pour ces enfants, un travail avec le psychologue de l’Education Nationale et d’autres acteurs devra s’engager, d’autant plus que ces troubles post traumatiques se soignent très bien.
  • Être attentif aux signes de vulnérabilité : identifier les marques de découragement, la représentation négative, sentiment d’inutilité, perte de temps, arythmie scolaire, décrochage cognitif, manque d’estime, repli sur soi, timidité, peur, comportements perturbateurs, isolement …. difficultés à rebondir sur une période difficile vécue et à manifester de la résilience.

Faciliter la communication avec les élèves

  • Prévoir quelques mots clés ou demandes clés pour les 1ers besoins traduits dans sa langue (je n’ai pas compris, j’ai envie d’aller aux toilettes…). Les familles, les outils de traduction peuvent aider. Les pictogrammes peuvent aussi être d’une grande aide.
  • Autoriser l’enfant à parler sa langue d’origine quand il a besoin de réfléchir. La langue maternelle structure le psychisme de l’enfant, elle est un organisateur de connaissances qui a un impact sur les apprentissages.
  • Autoriser l’élève à faire un va-et-vient entre sa langue et la langue française.
  • Faire repérer les mots dans la langue d’origine par l’enfant : « comment le dis-tu en… ? »
  • Travailler avec des livres plurilingues, des imagiers bilingues, un dictionnaire bilingue.
  • Valoriser la-les langue-s d’origine de la classe dans les rituels d’accueil (date, météo des émotions, …)
  • Construire un lexique commun : profiter de différentes occasions dans la classe pour que les élèves échangent : « Comment se dit un escargot ? » dans les diverses langues de la classe dont celle de l’élève nouvellement arrivé.
  • Exposer l’élève au maximum à la langue française

Pistes d’activités :

  • Premiers besoins : Se présenter/présenter les lieux, les personnes. Enseigner les questions / réponses de base : « Comment t’appellestu ? Quel âge astu ? Astu un frère ? Une sœur ? »
  • Enseigner les couleurs et les quantités avec un livre à compter qu’on construit dans un petit cahier (version élève à découper et coller).
  • Utiliser les étiquettes du matériel de classe pour qu’il joue au Memory avec ses pairs.
  • Commencer rapidement à travailler l’alphabet en découpant des lettres étiquettes : jeu d’association, de remise en ordre, de tri. Ne pas hésiter à s’appuyer sur des abécédaires.
  • Lire des histoires d’albums de jeunesse et lui demander de dessiner ce qu’il comprend.

Vous pouvez vous appuyer sur le livret “Je progresse en français” élaboré par des enseignants UPE2A du 65 à partir du site Scolena.

Outils et ressources (pictogrammes, flashcards, imagiers interactifs, applis…)

Vous trouverez de nombreuses ressources du CASNAV :

L’oral pour apprendre

Dans les temps collectifs, veiller à solliciter l’élève sur les contenus disciplinaires et, si nécessaire, à adapter les activités. Les modalités s’appuyant sur l’oral que l’on utilise pour les jeunes enfants sont valables pour les EANA : dictée à l’adulte et au pair, consignes et histoires écrites et doublées d’un enregistrement audio…
Les gestes de « tissage » utiles pour tous les élèves sont importants aussi pour les EANA. Il s’agit de l’ensemble des gestes qui aident l’élève à faire le lien avec ce qu’il sait déjà, ce qu’il a appris avant ou ailleurs. Bucheton D « Connaître et utiliser les bons gestes professionnels »

Le Français comme langue de scolarisation

  • La place et l’importance de l’écrit : Copier, écrire dans sa langue
  • Enseigner le français dans toutes les disciplines : (écoute d’histoires, chorale, EPS…)
  • Les contenus lexicaux et grammaticaux : Les thèmes lexicaux peuvent constituer une base pour organiser une progression des acquisitions lexicales.
    Dans la mesure du possible, prévoir au cours de la journée de travailler avec l’élève le lexique et les structures langagières qui pourront être reprises en entraînement autonome. Ce moment, d’environ 15 minutes peut être organisé en atelier dirigé individuel ou en groupe.

La barrière de la langue bloque-t-elle les apprentissages ?

L’élève va apprendre le français dans des contextes et des situations variées et pas uniquement en cours de français.
Il faut environ 6 mois pour acquérir un français de communication courante (niveau A1 en compréhension et production orale – CECRL).
Il doit participer à toutes les activités de la classe (projets, sorties, ateliers…) de façon à enrichir son lexique au quotidien.
Pratiquer l’Écoute active : écouter et répéter, écouter et reformuler, écouter et répondre, écouter et remettre des images dans l’ordre, écouter et produire en interaction…

Éviter les idées reçues :

  • « Il ne comprend rien, il ne sait donc rien, il n’y arrivera jamais » → L’élève allophone possède des compétences mais dans une autre langue et elles sont transposables.
  • « Il ne cherche pas à faire des efforts, il est tout le temps ailleurs » → L’élève allophone est en situation d’écoute permanente et il peut disposer de certains temps d’inactivité.
  • « Je ne peux pas l’aider alors que j’ai déjà 25 à 30 élèves dans ma classe » → L’élève allophone est un enfant à besoins spécifiques et il doit bénéficier de toutes les aides et les ressources possibles. C’est l’équipe pédagogique dans son ensemble qui doit être mobilisée.
  • « Je ne peux pas l’aider car je ne connais pas sa langue » → Ne pas hésiter à utiliser un dictionnaire bilingue, un traducteur en ligne, les fiches langue de LGIDF ou encore le site 50 languages. Il ne s’agira pas de traduire dans une langue maîtrisée mais d’une aide qui pourra être ponctuelle et surtout montrera à l’élève qu’il peut s’appuyer sur sa langue pour comprendre le français.

Des éléments de réponse sur les idées reçues : EANA_FLSco_10_idees_recues_359988

Pour aller plus loin :

  • Un parcours magistere en auto-inscription : Accueillir des enfants arrivant d’Ukraine ou d’autres zones de guerre  Ce parcours de 3 heures est utile à la compréhension de la situation, vous aidera à vous préparer à l’accueil individuellement et en équipe, pour faciliter l’inclusion des enfants dans la classe et les accompagner dans leurs apprentissages. De précieux conseils et points de vigilance sont posés par des professionnels :
    • Thierry Baubet, médecin pédopsychiatre, expose la diversité des situations vécues par les enfants. Son propos permet de comprendre ce qu’ils peuvent ressentir et ce qui peut se manifester en classe. Fort de son expertise dans la prise en charge des enfants réfugiés et dans le psychotraumatisme lié à la guerre, il propose des recommandations et aide au positionnement des adultes.
    • Brigitte Moltrecht, médecin conseil du directeur général de l’enseignement scolaire, précise le rôle de l’école et de ses personnels dans la construction d’un cadre structurant et sécurisant à même de favoriser le bien-être et les apprentissages des enfants accueillis.
    • Christophe Marsollier, inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche, donne des repères pour mettre en œuvre une éthique de la relation pédagogique qui favorise la prise en compte des vulnérabilités des enfants et des jeunes arrivant des zones de conflits.
  • Eduscol
  • Le site du CASNAV académique

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